Nez, la revue olfactive

DSC_2081J’espère que ça vous a échappé (quoique), mais mon dernier article remonte à plus de trois mois. Il est grand temps que je vous explique un peu ce qui m’a tant occupé l’esprit depuis la rentrée. Depuis la mi-septembre, je suis embarquée dans un beau projet, un projet auquel je crois très fort et dont je suis franchement fière de faire partie. Il s’agit d’une revue entièrement consacrée à l’odorat et aux parfums, comme l’indique son nom sans ambiguïté : NEZ, la revue olfactive. C’est une initiative pour le moins originale, parce qu’une publication qui ne parle que de ça, eh bien ça n’existe pas, nulle part. Il faut dire que parler d’odeurs, ça soulève quelques questions : d’abord, comment réussir à intéresser le lecteur à des choses impalpables, des choses qu’on ne peut pas lui « montrer » ? Lorsqu’on parle, disons, d’arts graphiques, de cinéma ou encore de musique, on peut illustrer son propos par des photos, renvoyer le lecteur vers telle vidéo ou playlist pour qu’il puisse, instantanément ou presque, se faire une idée de ce dont on lui cause. Mais le parfum ? Le parfum, par définition, c’est la présence: pour le sentir, il faut l’avoir sous le pif. Et le jour où n’importe qui pourra en Googler un et le sentir immédiatement à travers son ordinateur n’est pas arrivé. Alors on peut essayer de le décrire, mais là encore, les gens qui écrivent sur le parfum s’adressent à des lecteurs qui ne partagent pas toujours leurs référents: évoquer une fragrance chyprée, un jus floral aldéhydé, passe encore. Mais dès qu’on rentre dans le détail, ça se complique: pour une écrasante majorité, savoir que telle ou telle composition est construite avec de la concrète d’iris, du galbanum ou de la graine d’ambrette – et je ne parle même pas de molécules de synthèse comme l’Iso E Super ou l’Isobutyl Quinoléine – n’aide absolument pas à s’en faire une représentation mentale : encore faudrait-il avoir déjà senti ces matières premières, qui ne sont pas franchement accessibles.  

Une autre question qui se pose est celle des annonceurs, c’est à dire les marques qui achètent des pages du pub dans les magazines. Pages de pub bien souvent indispensables à la viabilité de la publication – le prix de vente en kiosque ne représentant qu’une petite partie des recettes pour la plupart des rédactions. Dans l’univers du parfum, où les enjeux financiers sont délirants, les annonceurs sont très puissants et – comme beaucoup de gens puissants – ils ont tendance à ne pas aimer la critique. Alors disons que, si l’un d’entre eux vous achète de la pub, eh bien mieux vaut que 1/ vous parliez de son dernier parfum/ de sa dernière égérie même s’il/elle n’a strictement aucun intérêt et 2/ que vous disiez qu’il sent hyper bon/que c’est vraiment une femme incroyable. Sinon, l’annonceur ne rachètera pas de pub dans votre prochain numéro et il ira frapper à la porte d’une rédaction plus docile (ça ne manque pas). Voilà un peu le problème de consacrer un magazine entièrement au parfum : si le lecteur se retrouve à payer pour lire des journalistes qui, si bien intentionnés soient-il, sont quand même contraints de brosser dans le sens du poil les marques qui les font manger, autant qu’il achète directement un féminin. J’exagère un peu. Mais pas tant que ça.  

NEZ, lui, n’a pas (seulement) été créé pour faire du fric et n’a donc pas basé tout son business model sur les annonceurs. C’est là tout son génie (ou toute son inconscience, l’avenir nous le dira). Mais sa vraie intelligence, selon moi, c’est d’avoir compris qu’il fallait parler, au delà du parfum, d’odorat au sens large. Car jusqu’ici, notre cinquième sens est complètement négligé par la presse. NEZ lui offre une vitrine totalement inédite et démontre la richesse infinie du sujet en l’abordant sous des angles très variés: la science, l’histoire, la chimie, l’art, l’actualité culturelle, la littérature, les matières premières… Bien sûr, une partie de la revue est consacrée à la parfumerie, notamment à travers un cahier critique qui se penchera sur quelques dizaines de parfums lancés en France sur les 6 mois précédents. Mais il ne sera pas nécessaire d’être un expert pour apprécier ce beau support pensé pour être accessible à tous. Du côté la rédaction, le projet est porté par Jeanne Doré et Dominique Brunel, les fondateurs d’Auparfum.com, qui ont réuni autour d’eux une belle équipe de journalistes, blogueurs, scientifiques, historiens et autres sémiologues, à découvrir plus en détail sur le site de NEZ et ici même, grâce à une série d’interviews que je leur consacre. Du côté de la création, c’est l’éditeur Le Contrepoint qui a imaginé notre si beau logo, conçu toute la maquette et déniché des photographes et illustrateurs de talent. Pour toutes ces raisons, NEZ est plus qu’une revue semestrielle: c’est un mook – la fusion entre le magazine, auquel il emprunte ses traitements éditoriaux, et le book, qui lui prête sa qualité et sa pérennité.

Je sens que ces quelques lignes vous ont tellement excités que vous êtes prêts à courir en librairie ou dans l’un de nos points de vente pour acheter le premier numéro de NEZ, et vous avez bien raison. Mais un peu de patience, il ne sort que le 14 avril. D’ici là, puisque vous êtes si décidés à l’acheter, pourquoi ne pas participer à notre crowdfunding ? Comme ça, pour le prix que vous l’auriez de toutes façons payé (19,90€), vous pourrez 1/ le recevoir chez vous sans frais de port dès le jour de sa sortie et 2/ récompense suprême, voir votre nom imprimé dans le premier numéro ! Et encore ça, c’est si vous donnez 20€. Donnez 60€ pour recevoir en plus un tiré à part de la couverture et profiter d’un conseil parfum personnalisé dispensé par Jeanne Doré herself, 100€ pour recevoir 6 numéros (et faire plaisir à 5 amis), ou carrément dix fois plus si vous vous avez envie de venir trinquer avec l’équipe à la soirée de lancement et voir votre nom dans TOUS les numéros de NEZ. Qu’importe l’option choisie, vous l’aurez compris, le plus gratifiant dans tout ça c’est de soutenir et d’encourager un projet aussi novateur qu’intelligent 🙂 

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2 Commentaires

    1. thank you Scarlett!

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