
Sarah porte N°5 de Chanel
Sarah Sauquet, 30 ans, prof de lettres et créatrice de l’appli littéraire Un Texte Un Jour.
De façon générale, je suis une passionnée d’odeurs. J’ai, et j’ai toujours eu, un nez assez développé. Quand j’étais petite, je poussais la porte de chez mes parents et je savais ce que ma mère avait cuisiné. Si ils recevaient des amis, sur les dix parfums dans le salon j’allais en reconnaître six ou huit. Aujourd’hui c’est pareil : quand j’arrive en salle des profs, je sais ce que portent mes collègues et parfois je décèle même quand ils font des mélanges ! C’est grâce à leur odeur que je me souviens des gens, et je n’hésite pas à leur demander rapidement ce qu’ils portent, mais si c’est une question intime, parce que ça m’en dit beaucoup sur eux.
J’ai porté assez vite du parfum, dès l’âge de 12 ans. Mon premier, c’était Anaïs Anaïs de Cacharel – que j’ai d’ailleurs ressenti il n’y a pas longtemps et que j’ai trouvé écœurant – puis je suis passée à Allure de Chanel quand j’avais 14 ans. A 15 ans, j’ai voulu un « vrai » parfum : pas un Lolita Lempicka à la mode, un parfum de femme. Cette année là je suis allée à New York avec mes parents. Un jour qu’on se promenait sur la 5ème Avenue, on rentre dans l’immense Sephora et il y avait une énorme bouteille de N°5 en exposition. Alors je me dis, « 5ème Avenue, N°5… quand même, je vais essayer ». Pour l’anecdote, je suis née un 5 Août, et Marylin qui s’est faite l’égérie du N°5 est morte un 5 Août ! Je suis très attentive aux signes… Bref, je m’en suis aspergée, et je suis sortie de là avec cette impression que j’avais trouvé « mon » parfum. Et je le porte depuis presque 15 ans, dans sa version eau de parfum. J’y suis très attachée car je la trouve différente de l’eau de toilette. Chez moi, j’ai toute la gamme : l’eau de toilette, le gel douche, le lait pour le corps, et le déodorant que je trouve vraiment super – presque meilleur que l’eau de parfum… J’adore la maison Chanel et j’aime l’idée de porter un parfum français – je suis très chauvine ! D’ailleurs, quand je vais acheter mon N°5, je vais rue Cambon, parce qu’il me faut un beau paquet et qu’il n’est pas question d’aller chez Sephora acheter mon Chanel ! Même si je perds une heure dans les transports, pour moi, ça fait partie de l’expérience.
J’aime énormément le N°5 et c’est marrant parce que les hommes que j’ai eus dans ma vie m’ont souvent dit combien ce parfum était associé à moi. Mon premier amour, que je vois toujours, me dit qu’il pense à moi chaque fois qu’il le croise dans la rue. C’est ma grande fierté ! Il faut dire que, plus jeune, j’en aspergeais son oreiller avant de partir… Les hommes dans ma vie ont toujours compris que ce parfum était important pour moi. Ils m’ont offert des flacons, mais aussi des livres sur le N°5. Aujourd’hui encore, c’est vraiment ma signature olfactive. Je trouve que l’eau de parfum a une vraie charge érotique. Quand j’ai un rendez-vous galant, je combine eau de parfum et déodorant.
L’an dernier, j’ai eu 30 ans, et j’ai voulu changer de parfum car j’aimais bien l’idée d’entamer un nouveau cycle. J’ai essayé Shalimar que je n’aime pas du tout car il m’écoeure. J’ai testé d’autres choses mais je crois que je n’aime pas les tendances de la parfumerie féminine d’aujourd’hui, je suis vite agacée. Le seul qui m’aurait bien tenté, c’est l’Eau des Merveilles chez Hermès, mais il tourne mal sur moi. Finalement, je suis allée chez Diptyque, car je trouve qu’ils font les meilleures bougies parfumées, et j’ai découvert le parfum Volutes, qui est très léger, très original. J’alterne entre lui et le N°5, auquel je reste très, très attachée. Moi qui bois peu d’alcool, j’adore les vins liquoreux, sucrés, jaunes, un peu ambrés : Sauternes, Montbazillac, vins de paille… tous ces vins qui me rappellent le N°5. Quand j’en bois, j’ai l’impression de boire mon parfum, et ça me plait. Vraiment, c’est ma came !
Sarah Sauquet, 30, literature teacher and creator of the Un Texte Un Jour literary app.
Generally speaking, I am passionate about smells. I have, and I’ve always had, a pretty developed nose. When I was a kid, I would push the door to my parent’s house and know what my mom had been cooking. If they had invited friends for dinner, of the ten perfumes sitting in the living room I’d be able to tell six or eight. Today, things aren’t different: when I arrive in the teachers’ room, I know what my colleagues are wearing and I can sometimes tell when they have been mixing fragrances! It is by how they smell that I remember people, and I won’t hesitate to ask what they wear even if it is an intimate question, because it tells me a lot about them.
I started wearing perfume quite early, around the age of 12. My first one was Cacharel’s Anaïs Anaïs – which I smelled again not long ago and found nauseating – and then I moved on to Allure by Chanel when I was 14. At the age of 15, I wanted a “real” perfume: not one of those fashionable Lolita Lempicka, a woman’s perfume. That year, I went to New York with my parents. One day, as we walked on the 5th Avenue, we went into the huge Sephora and there was a massive bottle of N°5 on display. So I thought “5th Avenue, N°5… I should give it a try”. For the story, I was born on August 5th and Marylin, who made herself the face of N°5, died on a 5th of August! I am very attentive to signs… Anyway, I sprayed it all over myself and came out of there with the feeling that I had just found “my” perfume. And I’ve been wearing it for almost 15 years now, in its eau de parfum declination. I love this one in particular because I find it different from the eau de toilette. At home, I have the whole line: eau de toilette, shower gel, body lotion, and the deodorant which is just great – almost better than the eau de parfum…. I love the house of Chanel and I like the idea that I’m wearing a French perfume – I am chauvinistic that way. Actually, when I go buy my N°5, I hit Chanel’s historical store on rue Cambon because I need a beautiful package and there is no way I am going to buy my Chanel in a Sephora! Even though I lose an hour in transportation, for me, it is part of the experience.
I love N°5 dearly and it is funny because the men I’ve had in my life often told me how much this perfume reminded them of me. My first love, who I still see, tells me he thinks of me everytime he smells N°5 in the street! That’s a great pride. I must confess I used to spray his pillow with it before I left… Men in my life always understood that this perfume was important for me. They gave me bottles of it, but also books about it. Today, it really is my olfactory signature. When I have a date, I will combine eau de parfum and deodorant.
Last year, I turned 30 and I tried to find a new perfume because I liked the idea of starting a new cycle. I tried Shalimar but I don’t like it at all, it’s too heady. I tried other things but I think I don’t like the trends of today’s feminine perfumery, it annoys me very quickly. The only one I could have made a switch for was Hermès’ Eau des Merveilles but it doesn’t turn well on me. Eventually, I went to Diptyque, because I think they make the best scented candles, and I discovered Volutes, a very light, very original fragrance. Today I alternate between this one and N°5 which I’m still very, very attached to. I may not drink too much alcohol, yet I love syrupy wines, sweet, yellow, a little ambery: Sauternes, Montbazillac, vins de paille… all these wines remind me of N°5. When I drink them, it’s like I’m drinking my perfume and I like it. Really, it is my dope!
[…] Sarah Sauquet, professeur de lettres, créatrice de l’application Un texte Un jour et fanatique du N°5 de Chanel, prête sa plume à FLAIR et nous offre un aperçu passionnant du traitement littéraire des odeurs […]