Le retour des parfums Le Galion

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Les vieilles maisons ont le vent en poupe ! Après Oriza L. Legrand, Volnay, l’Institut très Bien ou encore Jean Patou ces quelques dernières années, c’est au tour de la maison Le Galion de renaitre de ses cendres. 

« Ca a été une découverte incroyable », témoigne l’homme à qui l’on doit cette nouvelle page d’histoire, Nicolas Chabot, élevé dans une famille « où tout le monde était dans le parfum » et qui a lui-même travaillé pour quelques grands noms du luxe en tant que commercial. « C’est en faisait une brocante que je suis tombé, complètement par hasard, sur un flacon de Sortilège. Le Galion ? Je n’avais jamais entendu ce nom-là. J’ai commencé par dégainer mon exemplaire du livre Les Parfums d’Elizabeth de Feydeau et j’ai continué patiemment mes recherches. Petit à petit, j’ai déroulé toute l’histoire du Galion ». Et quelle histoire ! 

Fondée au tout début des années 1930 par le Prince Murat, un descendant de Napoléon, la Maison est rachetée dès 1935 par Paul Vacher, parfumeur légendaire à qui l’on doit notamment les mythiques Miss Dior (celui de 1946), Diorling (désormais disparu) ou encore Arpège, Rumeur et Scandal chez Lanvin. Pour Le Galion, cet amoureux des fleurs compose dès 1936 Sortilège, un floral aldéhydé contenant quatre-vingts essences naturelles et qui connaît un succès immédiat.
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Dans l’hôtel particulier de Neuilly qui sert à la marque d’usine et de bureaux, il créera une trentaine d’autres parfums jusqu’au début des années 70. A la mort de Paul Vacher en 1975, sa fille Dominique, qui travaillait avec lui depuis 15 ans, devient le parfumeur du Galion. Mais la maison de tarde pas à être rachetée par Sarah Lee Corporation. Avalée par ce géant américain qui se fiche pas mal du patrimoine qu’il tient entre les mains, Le Galion finir par tomber en désuétude et, à force de négligence, disparaît au milieu des années 80 (un sort qui n’est pas sans rappeler celui que Procter & Gamble réservera aux parfums Jean Patou dans les années 2000).

Bref, rien ne destinait Le Galion à revoir le jour, si ce n’est la pugnacité de Nicolas Chabot qui finit par réussir à contacter Dominique et à l’embarquer dans l’aventure. Autour d’eux, elle et Nicolas ont réuni une dream team de trois parfumeurs pour faire vivre à nouveau les formules d’époque et résoudre les problèmes que pose l’interdiction de nombreuses matières premières qui étaient employées alors. Parmi eux, l’excellent Thomas Fontaine, déjà rôdé à l’exercice puisqu’il a notamment recomposé les trois fragrances anciennes et récemment rééditées de la Collection Héritage de Jean Patou. Le Galion relance ainsi 9 premiers parfums en Septembre.

Côté soliflores, on est captivé par l’élégance limpide d’Iris (composé en 1937) et surpris par la verdeur craquante d’une Tubéreuse (1937) loin du cliché entêtant et capiteux qui lui colle souvent aux pétales. On prend littéralement un coup de fouet en découvrant les notes très, très agrumes de Whip (1953), qui dévoile ensuite un très beau cœur floral ; on se laisse charmer par les effluves orientales et sensuelles de 222, création non signée et retrouvée dans les archives du Galion, et on découvre avec émotion le fameux Sortilège, dont la version 2014, si l’on en croit Nicolas Chabot, est juste un poil moins « cocotte » que l’original. Quant aux références classées « masculines », là aussi c’est une claque. Ah, si on pouvait croiser plus souvent cette magnifique Eau Noble (1972) chyprée-cuirée et ses accents aromatiques dans le métro… Consolons-nous : à partir de Septembre, le rêve pourrait devenir réalité. 

Déjà disponibles chez Jovoy, les parfums seront en vente dès Septembre 2014, notamment dans les boutiques Ombres Portées.
140€/100ml.

www.legalion.fr

A lire sur Bois de Jasmin: quelques extraits, traduits en anglais, d’un article de Michel Arbaud sur Paul Vacher, publié en 1943. 

A lire ou à relire sur Flair: l’histoire de la renaissance des parfums Jean Patou

 

 

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