Emmanuelle Grach, 26 ans, danseuse et chorégraphe.
Mon parfum, Pour un Homme de Caron, c’est une affaire de famille : mon père le portait, mon oncle aussi, et même mes cousins parfois. Moi, je m’en mets depuis que je suis toute petite : la première fois, je devais avoir 6 ans, à peu près quand mes parents ont divorcé. J’habitais avec ma mère, et mon père s’était installé à Nice, alors chaque fois que j’allais le voir, je lui en piquais un peu. Le fait de porter son parfum me permettait de me sentir proche de lui. Aujourd’hui encore, ça reste une odeur familiale, rassurante, et je trouve que cette lavande sent très bon. Pour un Homme est réellement devenu mon parfum au quotidien quand j’ai acheté mon premier flacon à moi, à 16 ans. Ca fait 10 ans que je n’ai rien porté d’autre, et pour l’instant je ne me verrais pas changer : j’ai déjà du mal à passer une seule journée sans, et quand j’oublie de m’en mettre parce que je me suis réveillée en retard, je me dis que c’est con de louper une occasion de le porter !
L’idée d’avoir un parfum pour homme ne me dérange pas, je trouve même ça mieux. Une odeur minérale sur une femme, comme une odeur sucrée sur un homme, ça change la donne et je trouve que ça fait du bien. Non, ce qui est étrange, c’est que parfois je croise des hommes beaucoup plus âgés que moi et je me rends compte que je sens pareil qu’eux ! Je rencontre aussi des gens dont le grand-père porte mon parfum, parfois ils s’en rendent comptent alors qu’on est en train se faire la bise, ça les déstabilise toujours un peu. D’ailleurs, j’ai un pote dont le grand-père porte Pour un Homme : ça fait quinze ans qu’on se connaît, quinze ans qu’il sait que je le porte moi aussi, et pourtant, à chaque fois qu’on se voit, ça lui fait très bizarre. Il y a deux ans, j’ai rencontré son grand-père. On a tout de suite senti qu’on était sur la même longueur d’onde, et en même temps pas du tout : lui a 70 balais, moi 26… Mais c’était rigolo. Le fait que mon parfum soit vieux, ça aussi ça me plaît, je trouve que c’est bien de garder les parfums vivants. Car certains disparaissent : c’est le cas d‘In Love Again d’Yves Saint Laurent que portait ma mère. Il a été arrêté brutalement puis relancé quelques années plus tard, mais il a du être reformulé dans l’intervalle car il n’a plus jamais senti pareil, et ça me rend très triste.
C’est agréable d’avoir un parfum qu’on ne sent pas trop au cou d’autres personnes. Ca permet de se sentir unique, d’avoir une signature corporelle à soi. Je ne connais personne de mon âge qui porte Pour un Homme et je trouve ça cool. De la même façon, je sais que quand les gens le sentent, ils pensent à moi. Je me souviens qu’il y a un moment, tout le monde portait Terre d’Hermès dans la rue, comme ça avait été le cas avec Angel ou Lolita Lempicka. J’en pouvais plus ! Et parmi les gens de l’ensemble avec lequel je travaille, Le Balcon, il y avait au moins trois mecs qui le portaient aussi. Alors quand je passais dans un couloir et que je sentais des effluves de Terre d’Hermès je me disais : « c’est soit lui, soit lui, soit lui. Mais lequel ? ». C’est ça le problème des parfums qui marchent trop bien. Alors qu’à l’inverse, l’idée d’être reconnaissable grâce à un parfum, je trouve ça incroyable. L’odorat engendre la mémoire. C’est comme quand tu entends la voix de quelqu’un et que tu identifies immédiatement la personne. Je trouve que le parfum, quand tu as trouvé le tien, ça a cette fonction, aussi : les gens te reconnaissent.
Emmanuelle Grach, 26 ans, dancer and choregrapher.
My perfume, Pour un Homme by Caron, runs in the family : my father wore it, my uncle does too, and even my cousins sometimes. I’ve sprayed myself with it since I was a kid : the first time, I must have been 6, about the time when my parents got divorced. I lived with my mom, and my father had settled in Nice, so everytime I went to see him, I stole a few drops. Wearing his perfume made me feel close to him. Today, it remains a familial, comforting smell and I think this lavender is wonderful. Pour un Homme really became my daily perfume when I bought my first bottle, at 16. I haven’t worn anything else in the past 10 years and I couldn’t picture changing it : it’s already hard enough to spend a single day without it, and when I wake up late and forget to spray it on, I feel stupid to be missing an occasion to wear it !
Wearing a men’s perfume doesn’t bother me, it’s actually the contrary. A mineral smell on a woman, just like a sweet smell on a man – although that’s rarer – changes the deal and I think it is refreshing. No, what is weird is that I sometimes meet men who are much older than I am and I realize I smell like them ! I also meet people whose grandfather wears my fragrance, sometimes they notice it while we are kissing hello and it always unsettles them a bit. I actually have a friend whose grandfather wears Pour un Homme : we’ve known each other for fifteen years, fifteen years of me wearing it, but it still feels strange to him everytime we see each other. Two years ago, I got to meet his grandfather. Right away we felt like somehow we were on the same page, and then at the same time we didn’t : he’s 70 and I’m 26… Still, it was fun. The fact that my perfume is an old one is something I enjoy about it, I think it is a good thing to keep those oldies alive. Because some of them disappear : it was the case with Yves Saint Laurent’s In Love Again, which my mother used to wear. It was discontinued overnight and then relaunched a few years later, but it must have been reformulated in the meantime because it never smelled the same and that makes me very sad.
It’s nice to have a perfume you don’t smell on other people too much. It makes you feel unique, like having your own body signature. I don’t know anyone my age who wears Pour un Homme and I think it’s cool. Also, I know that when people smell it, they think of me. I remember when, not long ago, everyone in the street would wear Terre d’Hermès, just like it happened with Angel and Lolita Lempicka. I couldn’t take it anymore ! And among the people from the company I work with, Le Balcon, there must have been at least three guys who wore it. So I’d walk up a corridor, smell Terre d’Hermès and think « It’s got to be him, or him, or him. But which one ? ». That’s the problem with fragrances that are too successful. Whereas I find that being recognizable through a scent is something incredible. Smell conveys memories. It’s like when you hear someone’s voice and you know immediatly who that someone is. I think that perfume, when you’ve found the right one for you, has that function, too : people recognize you.